Parmi les nombreux changements que la pandémie de Covid-19 a apportés dans le monde du travail, on compte la démocratisation du télétravail et un de ses corollaires, la banalisation des trajets très longs entre le travail et le lieu de vie. En effet, en 2020 et 2021, de nombreux salariés se sont installés à la campagne pour se confiner, vivre près de leurs proches ou avoir un cadre plus agréable et moins coûteux. Ce qui devait être une situation temporaire pour de nombreux cadres supérieurs s’est souvent transformé en état permanent. La BBC confirme :

“Ce n’est pas un phénomène nouveau. Dans des pays tentaculaires comme les États-Unis, certains travailleurs, principalement des cadres supérieurs, parcourent de longues distances depuis des années. Mais la pandémie a accentué ce phénomène, car de plus en plus de personnes se tournent vers un modèle d’emploi qui combine travail à distance et visites occasionnelles au bureau. Ce nouveau mode de vie pourrait-il être l’avenir, alors que les travailleurs hybrident leurs pratiques et construisent leur vie plus loin des centres urbains ? ”

Le site britannique a rencontré Blaine Bassett, responsable de marketing produit, qui a déménagé de San Francisco, où il travaille, au pittoresque lac Tahoe, 300 km plus loin, en septembre 2021. Blaine Bassett vit toujours au lac Tahoe et fait ce qu’on appelle des “super trajets”, que l’on définit comme des trajets d’au moins trois heures – aller-retour – deux ou trois fois par mois. Cela lui demande pas mal de planification, mais il ne regrette pas son choix.

La BBC souligne d’ailleurs qu’il est loin d’être le seul dans cette situation : “4,9 millions d’Américains ont déménagé depuis 2020 parce que le télétravail le leur a permis, tandis qu’en 2021, plus d’Australiens ont quitté les grandes villes qu’au cours des deux dernières décennies”. Le phénomène concerne d’ailleurs aussi le Royaume-Uni, où le prix de l’immobilier, notamment, a poussé de nombreuses personnes à quitter leurs logements londoniens.

Pour Robert Pozen, maître de conférences à la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology, l’essor du télétravail fait que ce nouveau mode de vie a de beaux jours devant lui. Bill Fulton, directeur du Kinder Institute for Urban Research de la Rice University au Texas, tient, quant à lui, à souligner les tensions inhérentes à ce choix :

Fulton souligne que tout n’est pas simple car les entreprises voudraient que leurs managers soient présents au bureau le plus possible tandis qu’eux souhaiteraient l’inverse. Cela peut devenir un sujet de négociation, voire de tension. Bassett reconnaît lui-même que son mode de vie le coupe de la sociabilité qu’il avait avec ses collègues et rend la culture d’équipe plus difficile à mettre en place. Pourtant, comme d’autres, il ne peut même plus imaginer revenir à sa vie d’avant.