Mercredi matin, dans le centre de Suprasl. Ce sont les ouvriers et leurs machines qu’on entend le plus : ils œuvrent à la reconstruction de la grande place de cette ville pittoresque, à une douzaine de kilomètres de la ville de Bialystok [la capitale de Podlasie]. Les clients des magasins de hard discount déambulent au soleil. La plupart ont l’âge de la retraite. Suprasl se réveille, et avec elle ses restaurants.

À l’arrière d’un bar, je remarque une jeune femme. Wiola a 27 ans, elle est infirmière. “L’avortement devrait être disponible dans tous les cas de figure. Malheureusement, nos lois pathétiques nous privent de la capacité de décider par nous-mêmes”, dit celle qui, en raison de sa profession, observe les problèmes des femmes de près. Elle sait aussi que les grands-mères votent, surtout dans les petites villes et villages, et peuvent décider indirectement en lieu et place des jeunes femmes. Wiola ne voit donc aucune solution possible dans un référendum.

Aujourd’hui, Wiola ne discute que rarement avec ses amies de la légalisation de l’avortement, mais elle a bien en tête cette période mouvementée qui a fait suite à l’arrêt du Tribunal constitutionnel supprimant la possibilité d’interrompre une grossesse [en cas de malformation fœtale]. “C’est fou : tu sais que ton enfant est handicapé et tu dois lui donner naissance, et l’État ne t’aide pas.”

“La pilule du lendemain devrait également être disponible, car nous sommes des gens libres.”

Il n’y a encore que des hommes sur les rives piétonnes de la rivière Suprasl. Ils font des tractions, du vélo, quand ils ne courent pas. Je remarque néanmoins Julia sur un banc. Elle est en quatrième année au lycée d’art local et est originaire d’un petit village de la commune de Bransk. Entre deux cours, elle déclare immédiatement soutenir la légalisation de l’avortemen