Vous connaissez forcément Blattella germanica. Décrite pour la première fois par Linné en 1776, la blatte domestique la plus répandue du monde se trouve partout – dans les restaurants, les appartements, les gares… –, sauf en Antarctique. Elle se reproduit bien plus rapidement que les quelque 4 000 autres espèces de blatte, elle est résistante à de nombreux insecticides et, grâce à sa petite taille, elle se faufile partout. Bref, un fléau, dont on ne connaît finalement pas grand-chose.

Malgré son nom, cet insecte “n’est pas originaire d’une zone naturelle en Allemagne”, indique The Washington Post. “En fait, il semble qu’on ne le retrouve dans aucun habitat naturel nulle part dans le monde.” Ses origines ont longtemps été un mystère, tout comme la façon dont il a réussi à conquérir nos intérieurs. En analysant le matériel génétique de 281 blattes provenant de 17 pays, des scientifiques issus de plusieurs organismes internationaux de recherche ont mis en évidence sa filiation avec Blattella asahinai, la blatte asiatique, et montrent que son expansion est totalement liée à l’homme. Ils viennent de publier leurs résultats dans la revue PNAS, les annales de l’Académie des sciences américaine.

Voici ce que l’analyse du génome des cafards a révélé. La blatte germanique se serait séparée de sa plus proche cousine, la blatte asiatique, il y a environ 2 100 ans, probablement en Inde ou en Birmanie, en s’adaptant à la nourriture des humains. À partir de là, elle a “accompagné les voyageurs pendant les dynasties islamiques et le colonialisme européen”, résume le Washington Post. Autrement dit, elle a profité des déplacements des humains pour conquérir de nouveaux territoires.

Elle a d’abord “fait mouvement vers l’ouest jusqu’au Moyen-Orient il y a 1 200 ans, une époque qui coïncide avec l’intensification des échanges commerciaux et militaires des califats islamiques omeyyade et abbasside”, raconte Science dans un article grand public.

Puis l’insecte a migré vers l’est et atteint l’Asie du Sud-Est il y a environ 390 ans, vraisemblablement grâce au commerce colonial des compagnies néerlandaise et britannique des Indes orientales. “En un siècle, les navires de commerce l’ont transporté jusqu’en Europe”, décrit Science.

Tout cela fait dire au Washington Post que “nous [les humains] avons fabriqué ce cafard”.

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