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Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Hantavirus spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM: Hantavirus spp.

SYNONYME OU RENVOI: Hantavirus (Ancien Monde), virus Hanta (Nouveau Monde), fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR), syndrome pulmonaire dû au hantavirus (SPH), fièvre hémorragique de Corée (FHC), fièvre hémorragique épidémique, néphropathie épidémiqueNote de bas de page 1, Note de bas de page 2.

CARACTÉRISTIQUES: Les hantavirus appartiennent à la famille des Buynaviridæ. Ce sont des virus enveloppés, d’environ 100 nm de diamètre, dont le génome est composé de trois segments d’ARN monocaténaire à polarité négative, enfermés dans une capside sphériqueNote de bas de page 2 Note de bas de page 3. Les hantavirus peuvent être divisés en trois groupes selon la classification taxonomique de leurs principaux hôtes : 1) Muridæ (rats et souris de l’Ancien Monde); 2) Arvicolinæ (campagnols et lemmings); 3) Sigmodontinæ (rats et souris du Nouveau Monde)Note de bas de page 3. Il existe plusieurs espèces de hantavirus qui sont pathogènes pour l’humain, y compris les virus Puumala, Dobrava-Belgrade, Hantaan, Séoul, Andes, Bayou, Black Creek Canal, Laguna Negra, New York et Sin NombreNote de bas de page 3.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ:

Fièvre hémorragique avec syndrome rénal (FHSR) : La FHSR peut se manifester sous la forme d’une maladie bénigne, modérée ou grave, selon l’agent causalNote de bas de page 4. L’évolution clinique peut être divisée en cinq phases : prodromique (ou fébrile), hypotensive, oligurique, diurétique et de convalescenceNote de bas de page 3 Note de bas de page 4. La phase prodromique commence par une forte fièvre accompagnée de signes tels que des frissons, des maux de tête, une vision trouble, un malaise et une anorexie, suivis de douleurs abdominales ou lombaires, de symptômes gastro-intestinaux, de rougeurs au visage, de pétéchies et d’éruptions cutanées érythémateuses. Cette phase dure en général de 3 à 7 joursNote de bas de page 3. La phase hypotensive dure de quelques heures à plusieurs jours. Elle est caractérisée par l’installation soudaine d’une hypotension qui peut évoluer vers l’état de choc et l’hémorragie. La phase oligurique dure en général de 3 à 7 jours; durant cette période, la tension artérielle peut revenir à la normale ou augmenter, le débit urinaire chute de façon marquée, et une hémorragie sévère peut survenirNote de bas de page 3. La diurèse spontanée signale le début de la guérison. Le taux de mortalité varie de 5 % à 15 %Note de bas de page 5.

Syndrome pulmonaire dû aux hantavirus : Il existe quatre phases cliniques : prodromique, cardiopulmonaire, diurétique et de convalescence. La phase prodromique est caractérisée par une fièvre accompagnée de myalgie et de malaise, et par d’autres symptômes tels que des céphalées, des étourdissements, des douleurs abdominales et des manifestations gastro-intestinales, qui durent en général de 3 à 6 jours. Elle est suivie de la phase cardiopulmonaire à évolution rapide, avec œdème pulmonaire non cardiogène, hypoxémie, toux, épanchement pleural, symptômes gastro-intestinaux, tachypnée, tachycardie, dépression myocardique et choc cardiogène. Il existe des risques d’hypotension et d’oligurie. La phase diurétique est marquée par la résorption rapide de l’œdème pulmonaire et par la résolution de la fièvre et de l’état de chocNote de bas de page 2-Note de bas de page 4. Le taux de mortalité est d’environ 30 %Note de bas de page 4.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Les hantavirus sont présents dans le monde entier, et la distribution des espèces particulières de virus est limitée à l’habitat de leurs hôtes rongeursNote de bas de page 3 Note de bas de page 5. Ainsi, le virus Hantaan, qui cause une forme sévère de FHSR, est endémique en Russie et en Chine, tandis que le virus Andes est responsable du SPH dans le Nouveau MondeNote de bas de page 1-Note de bas de page 3 . Environ 150 000 à 200 000 cas de FHSR surviennent chaque année dans le monde, dont la majorité est observée en ChineNote de bas de page 3, Note de bas de page 4. Selon le virus, le taux de mortalité peut varier de moins de 1 % à 12 %. Le SPH est plus répandu dans le Nouveau Monde; on compte environ 200 cas par année, et le taux de mortalité moyen est de 30 %Note de bas de page 4 Le taux d’incidence dans différents pays varie toutefois en fonction de la population des hôtes rongeurs. Les infections surviennent surtout dans les régions rurales, mais certains virus (p. ex. le virus Séoul) sont présents dans les zones urbaines. La majorité des infections à hantavirus frappent les hommes et les individus de 20 à 40 ansNote de bas de page 4. Les trappeurs, les chasseurs, les travailleurs forestiers, les fermiers et les militaires présentent un risque accru de contracter la maladieNote de bas de page 2 Note de bas de page 4.

GAMME D’HÔTES: L’humain, et plusieurs espèces de rongeurs (campagnols, souris, rats)Note de bas de page 3, Note de bas de page 6.

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: La transmission s’effectue principalement par l’inhalation d’un aérosol de gouttelettes d’urine, de salive ou de sécrétions respiratoires de rongeurs infectés ou d’un aérosol de particules de matières fécales, de poussières ou d’autres matières organiques porteuses du virus infectieuxNote de bas de page 1, Note de bas de page 3. La transmission peut également se faire par la morsure d’un rongeur (toutefois, rares sont les patients ayant contracté l’hantavirus qui déclarent avoir été mordus par un rongeur avant l’apparition des symptômes), l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés, et le contact direct de lésions cutanées ou des muqueuses avec le virus infectieuxNote de bas de page 1-Note de bas de page 3.

PÉRIODE D’INCUBATION: De 2 à 4 semaines (peut également s’échelonner sur une période allant de quelques jours à 2 mois) dans le cas de la FHSR; de 14 à 17 jours dans le cas du SPHNote de bas de page 3Note de bas de page 4.

TRANSMISSIBILITÉ: La transmission d’une personne à une autre est très rare, mais a été observée dans le cas du virus Andes durant une éclosion dans le Sud de l’ArgentineNote de bas de page 1, Note de bas de page 7.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les petits rongeurs (souris, rats et campagnols) sont les réservoirs du hantavirusNote de bas de page 1-Note de bas de page 3.

ZOONOSE: Oui, transmise du rongeur à l’humainNote de bas de page 1Note de bas de page 3. Virus Puumala – campagnol roussâtre (Myodes glareolus, anciennement appelé Clethrionomys glareolus) dans le Nord et le centre de l’Europe; virus Hantaan– mulot (Apodemus agrarius) dans l’Est de l’Asie; virus Dobrava – mulot à collier (A. flavicollis) et mulot (A. agrarius) dans le Sud de l’Europe; virus Séoul – rat surmulot (Rattus norvegicus) dans le monde entier; virus Sin Nombre – souris sylvestre (Peromyscus maniculatus) en Amérique du Nord; virus Laguna Negra – petite souris vespérale (Calomys laucha) en Argentine; virus Andes – rat pygmée de rizière à longue queue (Oligoryzomys longicaudatus) en Amérique du Sud; virus Bayou – rat des rizières (Oryzomys palustris) Louisiane; virus Black Creek Canal – rat du coton hispide (Sigmodon hispidus) en FlorideNote de bas de page 1

VECTEURS: Aucun connu.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Sensible à la lactoferrine (in vitro) et à la ribavirine (in vitro et in vivo) dans les cas de FHSR; toutefois, l’efficacité de ces substances dans les cas de SPH n’a pas été démontréeNote de bas de page 1, Note de bas de page 3 Note de bas de page 6Note de bas de page 8.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Sensible à l’hypochlorite de sodium à 1 %, à ClidoxMD (dioxyde de chlore) à 1-5 %, à DettolMD (parachlorométaxylénol) à 1-5 %, à Halamid-dMD (sodium-p-toluène-sulfonchloramide) à 1-5 %, à l’acide peracétique à 1-5 % ou à VirkonMD avec une période de contact de 10 minutes. Également sensible au méthanol absolu avec une période de contact de 10 minutes et à l’éthanol à 70 % avec une période de contact de 30 minutesNote de bas de page 9.

INACTIVATION PHYSIQUE: Inactivé par la chaleur (15 min à 56 °C pour les virus dans un milieu de culture cellulaire et 2 heures à 56 °C pour les virus séchés)Note de bas de page 10.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE: Peut survivre pendant de longues périodes dans l’environnement : de 12 à 15 jours dans les litières contaminées, de 5 à 11 jours dans le surnageant des cultures cellulaires et de 18 à 96 jours à 4 °C dans le surnageant des cultures cellulairesNote de bas de page 10, Note de bas de page 11.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Rechercher les symptômes. Le diagnostic repose principalement sur les tests sérologiques mettant en évidence la présence d’IgM et d’IgG dirigées contre le hantavirus et d’anticorps neutralisants dirigés contre la protéine N ou les glycoprotéines du virus. On peut utiliser plusieurs méthodes sérologiques différentes, dont l’épreuve d’immunofluorescence, le test d’inhibition de l’hémagglutination et l’épreuve de fixation du complémentNote de bas de page 1-Note de bas de page 3, Note de bas de page 6. La RT-PCR (pour les régions S et M du génome du virus Hanta) peut également être utilisée pour détecter l’ARN du virus dans des échantillons cliniques, comme des échantillons de sang, de sérum ou de tissus de patients atteints du SPH ou de la FHSRNote de bas de page 3.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Le traitement antiviral par la ribavirine améliore le pronostic dans le cas de la FHSR, mais son efficacité sur le SPH n’a pas été étudiéeNote de bas de page 1, Note de bas de page 3. Il s’agit d’un traitement de soutien. De plus, il faut envisager le recours à un système extracorporel d’élimination du CO2 pour les patients souffrant du SPH afin de prévenir l’apparition d’un œdème pulmonaire et d’un choc cardiogène potentiellement mortelsNote de bas de page 1, Note de bas de page 3.

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: Aucune.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Oui, 226 cas (aucun décès) ont été signalés pour le virus HantaanNote de bas de page 7.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Sang, urine, liquide céphalorachidien et sécrétions respiratoires, ainsi que l’urine des rongeursNote de bas de page 3, Note de bas de page 12.

DANGERS PRIMAIRES: Ingestion, contact des muqueuses ou de la peau lésée avec des matières infectieuses, inhalation, morsures animales et inoculation parentérale accidentelleNote de bas de page 1, Note de bas de page 3, Note de bas de page 13.

DANGERS PARTICULIERS: Travail avec des animaux de laboratoire (expositions aux excréments des animaux, aux échantillons d’autopsie frais et aux litières animales)Note de bas de page 1, Note de bas de page 12.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION DU GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 3 Note de bas de page 14. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre. 

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Ces exigences de confinement s’appliquent au genre dans son ensemble et peuvent ne pas s’appliquer à chaque espèce du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Avant d’entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c’est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure Note de bas de page 15.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s’effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB. L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle Note de bas de page 15.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 15.

ÉLIMINATION: Avant la mise au rebut, décontaminer tous les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimiqueNote de bas de page 15.

ENTREPOSAGE:L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriéeNote de bas de page 15.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Octobre 2010.

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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